lundi 25 janvier 2016

Memento mori

          Depuis le début d’année, la rubrique nécrologique occupe la une de l’actualité.
C’est pratique : la mort de quelqu’un force le consensus. On ne la discute pas. On sort les mouchoirs. On diffuse des rétrospectives. On programme des grand-messes commémoratives. (parfois pour célébrer quelqu’un qu’on avait oublié pendant des lustres dans d’obscurs placards où il fanait dans la dépression : samedi soir, France2, Michel Drucker).
Ça a commencé par les Michel (Delpech et Galabru). Chacun s’est dit affligé mais il y avait chez tous ceux qui ne s’appelaient pas Michel, une sorte de soulagement : Ils se disaient qu’ils n’étaient pas sur la liste ; et puis ça a continué: Chaque matin on a appris la mort d’une autre personnalité, et pas que des Michel (Tournier), il y a eu un David (Bowie), un Glenn (Frey des Eagles) , un René (Monsieur Céline Dion), une Edmonde (mais bon, qui lisait ses romans ?) , et j’en passe si je n’en trépasse…
          Et là, au lieu de continuer à parler du temps qu’il fait, les gens qu’on a croisé se sont mis à dire : « Tu te rends compte ! En ce moment c’est l’hécatombe ! T’as vu ça ! Tous les jours il y a quelqu’un qui meurt !! »
Voilà, ce début de janvier a réussi à nous surprendre par une évidence que nous devrions pourtant nous employer à ne pas oublier : chaque jour, chaque heure, chaque minute et chaque seconde, il y a quelqu’un, quelque part… qui meurt.
Moi qui espérais voir un jour les Eagles ou David Bowie en Live, je n’ai même pas besoin de me précipiter pour prendre un ticket, j’ai de toute façon ma place réservée pour le Grand Concert…




jeudi 14 janvier 2016

The Twilight Zone
























          Ce matin je dépose ma voiture chez le garagiste pour une révision.
Je porte une veste orange (façon éboueur parce que je dois revenir du garage à pied, qu’il fait à peine jour et que je ne voudrais pas me faire écraser. Donc on me voit).
« Bonjour Madame, blablabla, la voiture sera prête cet après midi… »
A midi le garagiste me téléphone. La voiture est prête.
A quinze heures je reviens au garage pour la récupérer.
Le garagiste me regarde (enfin je crois ! mais j’ai de sérieux doutes) :
« Bonjour Madame. Que puis-je faire pour vous ? »
Comme s’il ne m’avait jamais vue.
Je porte la même veste orange.  Je n’ai pas changé de coiffure.
« Je viens récupérer ma voiture.
_  C’est laquelle ? A quel nom ? »
Comme s’il y avait trois mille voitures dans la petite cour de son garage ou que je l’avais déposée trois mille ans avant. A moins que trois mille personnes en vestes oranges soient passées après moi.
Ou ce garagiste est aveugle. Ou il a un frère jumeau et ils sont au garage à tour de rôle.
Ou j’ai basculé dans la quatrième dimension. 
De l’autre côté du miroir.